C’est un club très fermé, dont les membres n’ont pas choisi délibérément d’y appartenir. Il s’agit des artistes de Rock, morts à 27 ans, de s’être brûlé les ailes de trop d’excès. Quelqu’un a baptisé ce cercle, « Le club des 27 ». Il fut inauguré en 1969 par Brian Jones, fondateur des Rolling Stones, rejoint en deux ans par Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison. Alan Wilson, Curt Cobain et récemment Amy Winehouse ont rejoint ce club très spécial. Tous des artistes exceptionnels, qui ont traversé la vie comme des météores.
Je suis amateur de musique. Pas musicien, simple mélomane, reconnaissant pour toutes les joies que l’écoute de la musique me procure. Lorsque j’ai un coup de cœur musical, il peut durer pendant des semaines !
Et puis, quelqu’un est entré dans ma vie et l’a bousculée. Il n’était pas musicien, mais dans son genre c’était un artiste de la vie et de la générosité, et pour ceux qui ont eu la chance de le connaître, une célébrité. Il est décédé brutalement à l’âge de 27 ans.
Il y a quelques jours, comme chaque année depuis sept ans, je suis allé me recueillir sur sa tombe, en compagnie de sa mère. Elle et lui m’ont fait découvrir l’importance d’honorer ses morts. C’est aussi une belle façon d’honorer la vie, comme les jours et les nuits rythment nos existences.
Régulièrement je réécoute une sélection de musiques qui ont entouré la disparition de celui qui fait désormais partie de mon propre « club des 27 ».
Lorsque j’avais quinze ans, je ne m’imaginais pas vivre au-delà de la trentaine. Je ne me voyais pas d’avenir en ce monde, trop conscient que quelque chose d’essentiel m’échappait. Malgré tout, je gardais au fond de moi une prière qui fut exaucée. A dix-huit ans, j’ai entendu parler de Prem Rawat et j’ai tout de suite compris qu’il connaissait cet essentiel qui pouvait donner un sens profond à l’existence. Il m’en a offert gratuitement la clé.
Il m’a fallu de nombreuses années pour aller au-delà de mon intuition de départ, me débarrasser de ce qui encombrait mon cœur et commencer à ressentir en moi-même cette simple joie d’exister, bonheur suprême. Qui n’échangerait pas tous les savoirs et richesses du monde, contre ce sentiment ineffable et indescriptible d’aimer la vie ? Nos peines, nos blessures s’en trouvent transformées.
Maintenant, j’apprends à être reconnaissant un peu plus chaque jour pour ce cadeau que j’oubliais d’apprécier à sa juste valeur. Et c’est chaque fois que je me mets dans la position du mendiant que la gratitude m’envahit. C’est l’attitude vers laquelle j’ai besoin de revenir constamment, pour ne pas oublier.
Le dernier album des Rolling Stones, enregistré avec Brian Jones, s’intitulait justement “Beggars Banquet”, le banquet des mendiants. J’avais oublié ce détail troublant lorsque j’ai écrit « Petit Poucet ». Je trouve la vie très généreuse, y compris dans des détails sans importance, mais qui semblent vous être spécialement destinés. Et je ne suis pas particulièrement superstitieux…
5 septembre 2012
Témoignages