– Marie Le Heran –
Dans l’herbe odorante, récemment coupée, la feuille brune, recroquevillée, semble endormie. La branche, au-dessus, danse une danse de branches quand le vent les taquine. La feuille verte frôle la feuille brune dans un geste tendre et maternel.
La fourmi s’évertue à un dressage invisible d’un petit bout de bois en prenant des allures de « va-t-en guerre ». La coquille d’escargot est posée là comme une spirale de stress, vidée de sa substance, percée de part en part. Les myriades de petits insectes et de fleurs minuscules, dans cette verdure gorgée de soleil engendrent une multitude de tonalité.
Je reste bouche bée devant l’œuvre que la nature a mis des millions et des millions d’années à accomplir. Toute cette organisation fragile et éphémère a tissé des liens secrets dans un incessant mouvement.
Le temps s’immobilise ou est-ce moi ?
La nature décide et façonne le paysage à sa guise avec son étonnante incohérence.
Je me relève, dans un état de semi torpeur et me plonge dans l’eau fraîche de la piscine municipale comme dans un bain d’inspiration.
9 septembre 2012
Poésie