Parfait !

12 mai 2019

Textes choisis

– Conte Ouïghour –

Il était une fois un pauvre hère qui avait beau travailler et travailler, il n’avait jamais un sous vaillant. Un hiver que la neige recouvrait toute la campagne et qu’un vent âpre et glacé soufflait sur toute la terre abandonnée, notre pauvre hère fit du bon feu dans sa chaumière, pour qu’il y fasse bien chaud, y apporta de la terre où il planta un pépin de melon. Peu de temps après, il récoltait un beau gros melon.
« Je vais le porter à l’empereur, se dit-il. Il me le paiera sûrement un bon prix. »
Et il alla porter son melon à l’empereur.
— Tu l’as cultivé tout seul ? lui demanda l’empereur, curieux.
— Oui, Votre Majesté, murmura le pauvre.
— Parfait ! approuva l’empereur. Et par un tel hiver ?
— Oui, Votre Majesté, répondit à voix basse le pauvre.
— Parfait ! approuva l’empereur, qui reçut le melon du pauvre de ses propres mains et lui fit généreusement signe qu’il pouvait se retirer.
Le pauvre sortit du palais impérial avec une telle faim au ventre qu’il en aurait pleuré. Il passait tout près d’une auberge quand il s’entendit héler par l’aubergiste.
— Holà, toi ! Tu ne veux pas venir manger de petits pâtés farcis de viande ?
Le pauvre ne fit pas beaucoup de manières pour accepter. Il entra dans l’auberge et se mit à table. L’aubergiste mit devant lui un plat de petits pâtés farcis. Le pauvre hère avait si faim qu’il eut vite tout avalé.
— Tu as préparé cela tout seul ? demanda-t-il.
— Bien sûr, dit l’aubergiste.
— Parfait ! approuva le pauvre. La viande aussi ?
— Bien sûr, dit l’aubergiste.
— Parfait ! approuva le pauvre hère en se levant et en se dirigeant vers la porte.
— Eh, là ! Que penserais-tu de payer ton écot avant de t’en aller ? dit l’aubergiste en le rattrapant. Mais comme il n’y avait pas un sous à en tirer, il se fâcha et mena le pauvre chez l’empereur, en l’accusant de grivèlerie. L’empereur se fâcha :
— En voilà des manières, commander un plat et s’en aller sans payer ? Tu penses que cela suffit, de dire parfait ? Pour, un parfait, on ne peut rien acheter.
— Votre Majesté, j’ai dû confondre. Je vous ai porté un melon difficilement cultivé en plein hiver, et vous m’avez renvoyé chez moi en disant : parfait. Je pensais que maintenant chez nous le mot parfait suffisait pour payer, alors je voulais en payer les pâtés !
L’empereur, tout honteux, paya à l’aubergiste les petits pâtés, et il récompensa richement le pauvre.

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