Ne partez pas, on vous aime !

5 octobre 2013

Chroniques

– Le penseur amoureux –

ApollonCe matin-là en déjeunant, en guise de bouffée d’air après l’habituelle litanie des mauvaises nouvelles, la nouvelle qui clôturait le journal de sept heures, concernait le projet Mars One. Ce programme astronautique prévoit d’envoyer, à l’horizon 2023, la première expédition humaine pour coloniser la planète Mars. Particularité du voyage pour les heureux élus : ce sera un aller simple, les technologies actuelles ne permettant pas d’envisager un retour. Les astronautes effectueront donc un périple de sept mois vers la planète rouge qui deviendra leur dernière demeure. Charmante perspective, compte tenu de l’hospitalité réputée du lieu.
Je me suis remémoré l’époque où la science-fiction me faisait rêver. C’était il y a bien longtemps. J’étais encore ado et mal dans ma peau. Fuir un monde décevant était une perspective intéressante. S’É-VA-DER ! Allez bâtir ailleurs un monde meilleur…
Pour sélectionner les membres de l’expédition Mars One, un appel à candidature a été lancé au niveau planétaire. Résultat des courses : plus de 200 000 personnes se sont portées volontaires. Oui, vous avez bien lu : deux cents mille.
J’éviterai de rentrer dans le débat « pour ou contre la conquête spatiale ». Je me contenterais peut-être de poser la question suivante : les initiateurs de cet ambitieux projet croient-ils les êtres humains capables de gérer « différemment » sur une autre planète ce qu’ils mettent en péril sur Terre depuis des lustres ? La question mérite d’être posée lorsque l’on considère, qu’ici, les conditions à la vie sont favorables « par défaut », alors que là-bas il faudra les créer et les entretenir en permanence…
Mais ce qui m’a véritablement interpellé dans cette dépêche, c’est le nombre impressionnant de volontaires à l’exil. Je suppose que chacun d’entre eux a joint à sa candidature une lettre de motivation qui en donne l’explication.
Quelle part d’idéal, d’intrépidité, de sacrifice ou d’inconscience a présidé à leur décision ? C’est la question que j’aimerai poser à ces femmes et ces hommes prêts à tout abandonner derrière eux, en échange de je ne sais quel Eldorado futuriste. Conjecturons que c’est une des questions qu’un fin psychologue leur posera lors de la sélection.
Néanmoins, quelle que soit la motivation réelle ou imaginaire de chacun d’entre eux, je ne peux m’empêcher de sentir monter en moi l’envie irrépressible de les empêcher de partir, de les retenir ici, parmi nous. Je ne connais aucun d’entre eux. Ils sont, pour moi, de parfaits inconnus. Et pourtant un choix aussi radical me pousse à vouloir les protéger contre l’inéluctable.
Alors tout ce que j’ai pu trouver, ce sont ces deux maximes d’un vieux sage chinois, qui semblent se répondre l’une l’autre :
« Plus on va loin, moins on apprend. »
« Sans franchir la porte, on peut connaître le monde. »
Voilà, mon appel est lancé… comme une sonde dans l’espace intersidéral. Que le Ciel des astronautes m’entende… et qu’Asimov me pardonne !

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2 Commentaires le “Ne partez pas, on vous aime !”

  1. Loïc Allio dit :

    Cher monsieur
    Suite à votre passionant article je vais annuler ma réservation pour ce voyage sur Mars
    Je l’ai fait sur un coup de tête mais je réalise que c’est peut être dangereux
    Bien cordialement

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  2. palmas dit :

    on ne trouvera nulle part ce que notre planète nous donne

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