– Pierre Boquié –
Je crois que l’une des principales difficultés à laquelle nous sommes confrontés en tant qu’être humain est de savoir faire une claire distinction entre l’inné et l’acquis. Depuis notre plus jeune âge, nous sommes entrainés à acquérir une somme considérable d’informations qui sont censées nous aider à fonctionner dans un monde complexe.
L’inconvénient immédiat c’est une tendance à s’écarter de notre nature innée, à en sous-estimer l’importance, à en perdre peu à peu le savoir intrinsèque. Pire : nous sommes parfois poussés à la nier, pour de curieuses considérations culturelles et sociales. Nous nous censurons nous-mêmes, nous n’osons pas notre propre nature.
J’ai terminé, il y a quelques semaines, la lecture d’un ouvrage qui m’a vraiment passionné, « La bonté humaine – altruisme, empathie, générosité » de Jacques Lecomte (Ed. Odile Jacob, mars 2012).
En un vaste panorama des divers aspects de la condition humaine, ce docteur en psychologie, s’appuyant sur des centaines d’études, démontre d’une façon époustouflante que la bonté, la générosité et la tolérance sont bien plus présentes dans nos vies que nous n’en avons conscience. Tous ces témoignages, récits et études, collectés, rassemblés en près de 400 pages, donnent à voir une humanité d’un courage, d’un altruisme et d’une richesse insoupçonnés. On serait donc comme cela ? Le plus étonnant, c’est que je le savais déjà, mais qu’il fallait quelqu’un pour me le rappeler.
Dans son introduction, l’auteur fait le constat suivant : « Les connaissances scientifiques actuelles amènent à considérer que ce n’est pas la violence qui est fondamentale dans notre espèce, mais la bonté. Le goût pour la violence n’existe que par défaut, comme réponse à un manque existentiel ; c’est une motivation parasitée qui se manifeste lorsque des aspirations essentielles de l’être humain ne sont pas – ou ne semblent pas – suffisamment satisfaites. » Et il conclut par ses mots : « Au final, cet ouvrage peut se lire comme un hymne à la liberté. Car chacun de nous peut choisir de s’engager ou non dans le sens de la bonté humaine. »
En d’autres temps, ce genre de lecture aurait suscité en moi plus de questions que de réponses. Je me serai demandé comment développer cet état de bonté naturelle. Quelle en est la recette ? En suis-je seulement capable ? Savoir une chose possible, ne suffit pas à l’atteindre.
J’ai trouvé qu’un des aspects essentiels de l’enseignement de Prem Rawat apporte une réponse concrète à la question qui est posée à la fin de l’ouvrage de Jacques Lecomte « Que faire de tout ce savoir accumulé sur les potentialités humaines à la bonté pour améliorer la société ? »
Prem Rawat ne cesse de nous encourager à cultiver l’appréciation du cœur, prélude à toutes ces qualités merveilleuses qui sont le fondement de notre véritable identité en tant qu’être humain. « Où trouverez-vous la générosité ? Où trouverez-vous la douceur et la bienveillance ? Où trouverez-vous la simplicité ? Ce sont des attributs que l’on ne peut pas emprunter, cela ne s’apprend pas. Ce sont des attributs qui sont fondamentalement présents en chaque être humain. », disait-il récemment à Moscou.
Un cœur comblé, une âme en paix, souhaitera naturellement partager le meilleur avec ses semblables. La clé d’un mieux vivre ensemble passe nécessairement par un mieux vivre avec soi-même. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne s’agit pas d’acquérir un savoir nouveau, mais de retrouver notre nature profonde.
4 août 2012 à 10:58
Superbe texte, très intéressant et très bien écrit. Il m’a donné envie de lire le livre en question.
Joëlle
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