Je marchais sur un petit chemin qui longeait la voie ferrée. Il y a quelques années de cela, des petites parcelles de terrains avaient été attribuées aux employés des chemins de fer.
Aussi, quand, par les interstices de la palissade, je jouais la curieuse, j’aperçus un homme en habit de travail penché sur son jardin, un outil à la main.
Cette scène m’a émue, je ne saurais dire pourquoi. Peut-être parce que, dans cette posture, je revoyais mon père. Il se dégageait de la scène volée dont j’étais le témoin, cette sérénité que j’affectionne tant ! Ces instants où tout semble en arrêt sur image.
Si j’en jugais par les morceaux de tôles ajoutés ici et là pour se protéger des regards indiscrets et des chapardeurs de poireaux, cette scène résumait plusieurs années consacrées à ce jardin.
Je savourais ma solitude… Je me sentais soudain petite, si petite et immensément joyeuse, mon appareil photo numérique dans une main. Le ciel de Provence était fidèle à tout ce qu’on dit de lui dans les guides touristiques.
Des petites pousses sortaient du fossé où des boutures avaient été jetées là parmi quelques résidus. Il y avait même une vieille poussette en plastique pour enfant, jaune et rouge, dont le contraste de couleurs a attiré mon regard, me rappelant lui aussi mon enfance déjà lointaine et pourtant si proche en cet instant.
Mon regard errant sur ces morceaux de tôles, j’eus soudain envie d’immortaliser ce moment de grâce en prenant une photo pour, qui sait, le partager un jour avec d’autres.
Un instant de vie, un petit morceau d’instant rajouté, juste pour moi.
Je vous laisse imaginer la scène qui se passe derrière et que je n’osai troubler d’un « clic, clac, Kodak » indiscret.
« S’il te plaît… dessine-moi un mouton ! »
24 juin 2012
Témoignages