Nouveau départ

– Le penseur amoureux –

Ce matin en déjeunant, j’écoutais un humoriste, réputé pour ses sketches engagés, dénoncer la situation ubuesque d’une société qui semble avoir perdu ses valeurs  et ses repères. Puis sur le ton de la confidence, un trémolo légèrement théâtral dans la voix, il nous délivra ce scoop :
« Je suis absolument persuadé que nous nous acheminons vers la fin de notre civilisation. Mais j’espère bien me tromper. »
Sur le moment, le mot « inconséquent » a jailli dans mon esprit. Bon d’accord ce n’était pas vraiment un scoop. Il suffit de regarder un peu autour de soi pour savoir que l’on ne pourra pas, nous les êtres humains, aller encore bien loin comme ça.
Mais alors pourquoi « espérer se tromper » ? N’était-ce pas un terrible aveu de faiblesse et pourquoi me mettait-il si mal à l’aise ? Après m’être laissé bercé par ses plaisanteries sur le sujet, ne me sentais-je pas en fin de compte, tout comme lui, dépassé par la situation ?
Alors je me suis rappelé que dans « civilisation », qui évoque une société organisée, il y a « civilisé » qui se rapporte au comportement de l’individu. Je me suis dit que si je ramenais l’équation à moi-même, il y avait bien quelque chose à faire et que seul cela comptait finalement.
Et j’ai repensé à cette phrase d’Albert Einstein : « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. » Du coup je me sentais mieux, car je savais que je pouvais faire quelque chose : prendre un nouveau départ.