– Pierre Boquié –
Mon musée est un musée pas comme les autres : on n’y rencontre que de la matière vivante.
Ce qui y est exposé en pleine lumière danse comme la flamme d’un feu qui dévore tout. Et pourtant le sentiment est doux et si les larmes coulent parfois, c’est juste que quelque chose, que je ne peux contenir, déborde.
Ce qu’on peut entrapercevoir fugitivement, apparaît et disparaît comme un tour de passe-passe incompréhensible. Je dois ralentir le rythme et me laisser porter, si je ne veux pas perdre ce fil ténu.
L’exposition est sans cesse renouvelée et je ne dois rien chercher à retenir : je suis là pour m’oublier. Je vais de surprise en surprise et cela me rend joyeux.
Le passé n’a plus d’importance, le futur n’a pas de sens : seul l’éternel présent compte.
La visite ne dure pas une heure, deux heures, une journée : elle ne dure que l’espace d’un instant, mais peut être renouvelée une vie toute entière.
Dans mon musée, je suis l’attraction, c’est moi que je suis venu contempler, mais je ne le savais pas.
Aucune lassitude à avoir, pas le droit de dire « je veux ça ou je ne veux pas ça ».
Je dois tout embrasser en bloc, sans distinction, sans jugement. J’apprends à désapprendre.
Et puis il y a le guide, un guide très spécial. Il n’est pas là pour commenter : il vous montre comment vous y prendre, danse pour vous la danse de l’ours, la vraie, celle sans entraves. Il vous entraîne dans une folle farandole.
Alors, n’oubliez pas le guide : c’est lui qui distribue les cadeaux. Et comme vous n’aurez pas le cœur assez grand pour tous les recevoir, autant commencer la visite maintenant !
2 juillet 2012
Témoignages