Conte d’après Noël

1 janvier 2021

Témoignages

– Pierre Boquié –

Il était une fois… qui aurait pu mal tourner.

Je rentrais de chez mes enfants où j’étais allé passer Noël, lorsque j’ai fait une sortie de route en descendant un raidillon enneigé. Ça s’est passé très doucement : ma voiture a glissé sur la neige mouillée et elle a terminé sa course dans le fossé. J’ai vécu la scène au ralenti, presque soulagé, après une errance de près de deux heures à essayer de me frayer un chemin là où je n’aurai jamais dû m’aventurer.

Ma première pensée, lorsque je me suis retrouvé à 45° sans une égratignure, a été : « Merci mon Dieu ! » À vrai dire je ne sais plus bien comment je l’ai nommé, mais je savais très bien à qui je m’adressais : à celui dont on nous dit toujours qu’on n’a aucune preuve formelle de son existence, et qui pourtant permet qu’on soit là (sans qu’on ne fasse rien pour ça) et qui peut à tout instant siffler la fin de la partie (sans qu’on ne puisse rien faire non plus pour l’en empêcher).

Quelqu’un faisait récemment ce commentaire sur une publication Facebook à propos de l’existence d’un pouvoir supérieur : « Faudrait-il encore définir ce qu’on appelle un pouvoir supérieur ? » Eh bien, tout ce qui échappe à ton contrôle et fait que tu es là, que ton cœur bat, qu’un souffle de vie t’anime. Un peu le même rapport qu’entretient la poupée de chiffon inerte avec la main du marionnettiste qui se glisse en elle et la fait soudain danser. À la différence près que je ne suis pas sûr que la poupée de chiffon ait une conscience…

Est-il tout seul là-haut ou dispose-t-il d’une armée de petites mains et d’intermédiaires innombrables pour organiser ce grand show pour des milliards d’individus ? Je pose la question car, quelques heures après, me réchauffant dans une chambre d’hôtel où j’attendais de connaître les modalités de mon rapatriement par mon assurance, j’ai reçu un message de ma fille qui se terminait par ces mots : « … et remercie ton ange gardien de t’avoir protégé. » J’ai souri et l’ai rassurée sur ce point, sans entrer dans les détails. Puis je me suis endormi, toujours reconnaissant, avec malgré tout en arrière-plan le redémarrage de la routine habituelle (même après avoir échappé au pire) : « Comment vais-je rentrer chez moi ? Quelle solution vont-ils me proposer ? Comment sera la météo ?… »

Le lendemain, au moment de faire mes bagages, j’ai retiré mes chaussons et j’ai découvert sous une semelle un autocollant de petit ange de conte de fées, souvenir tendre – et ô combien opportun – de ma petite-fille que j’avais quittée la veille sur ces paroles : « Papi, quand tu seras parti, je vais te manquer. » Ma pantoufle valait bien, à ce moment-là, celle de Cendrillon.

La boucle était bouclée, incluant à la fois ma vie préservée, celle des êtres qui me sont chers, tout ça sous le regard bienveillant et espiègle de Celui qui préside à tout ça (que je ne peux ni nommer, ni désigner, et dont je ne pourrai jamais apporter à quiconque la preuve de l’existence). Je serai à jamais le seul et unique témoin privilégié de sa présence en moi, à mes côtés, au-dessus, au-dessous, autour, enfin bref, dans ma vie.

Magistral ! Je n’en demandais pas plus pour terminer en beauté cette année si particulière. 

Une pensée pour tous ceux qui dorment aujourd’hui dehors dans le froid, pour tous ceux qui nous ont quitté cette année, pour tous ces drames humains qui nous relient plus qu’ils devraient nous séparer. Toujours, inéluctablement.

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un commentaire le “Conte d’après Noël”

  1. Jeanlouis Briolet dit :

    Quelle belle histoire… vraie !

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