Grandeur et misère de notre imaginaire

23 mars 2019

Chroniques

– Le penseur amoureux –

Dans son best-seller Sapiens : une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari nous explique par quel subterfuge, une foule d’individus qui ne se connaissent pas arrivent à collaborer efficacement.
Dans les sociétés tribales, composées au maximum de quelques centaines de membres, tout le monde se connait, de nombreux liens familiaux, fonctionnels ou hiérarchiques relient les personnes entre elles autour d’intérêts communs qui cimentent leur unité.
Dans nos sociétés modernes, constituées de millions d’individus qui ne se rencontreront probablement jamais, ce type de relations devient inopérant pour fédérer une communauté. D’où la nécessité de créer un récit commun et, jusqu’ici, nous dit Hariri c’est autour de mythes que nous l’avons fait. Il en identifie trois principaux à travers les âges : les religions, les États, les entreprises. Ce sont des mythes, dans la mesure où ces récits reposent sur des croyances, des conventions qui ne fonctionnent que parce qu’elles sont acceptées par tous.
Le problème surgit lorsque la croyance en ces mythes devient telle qu’elle finit par supplanter les raisons de leur génèse. Nous voilà alors dépossédés de nous-mêmes, à la remorque de ce que nous avons créé.
Une tentative a bien été faite d’écrire le récit des récits, celui qui saurait s’imposer à tous les autres pour leur rappeler leur finalité. Il s’agit de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Véritable feuille de route, s’appuyant sur les besoins fondamentaux humains y compris l’épanouissement personnel, elle aurait dû nous amener à revisiter nos organisations sociales, nos comportements collectifs, pour qu’ils tendent vers ces nobles idéaux de dignité, de justice et de tolérance. Et pourtant, à la différence des autres récits, celui-ci semble totalement inopérant.
Cette déclaration, et bien d’autres édictées tout au long de notre histoire, tente de décrire de la manière la plus précise et complète possible ce que nous voulons qu’il advienne. Elles sont la forme moderne de la prière. Mais quelqu’un manque à l’appel : vous, moi, celui ou celle qui doit se saisir de cette question et en relever ce défi.
« Connais-toi toi-même », nous lance, par-delà les siècles, Socrate. Le meilleur comme le pire se côtoient en nous. Apprenons à les discerner. A encourager l’un et à circonscrire l’autre.
« Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde », nous disait plus récemment Gandhi. Nous en sommes toujours là.

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