Nécessité fait loi

– Le penseur amoureux –

Ce matin en déjeunant, c’est la disparition du village olympique de neuf athlètes africains qui a retenu mon attention. Evaporés dans la nature, sans laisser de traces. Les commentateurs se perdaient en conjectures : « Ça arrive de temps en temps… parfois ils se font naturalisés dans un pays leur offrant de meilleures conditions d’entrainement… d’autres disparaissent définitivement. »
Au-delà des considérations politiques, sportives ou autres, je me suis rappelé qu’un être humain reste un être humain. Il a des besoins essentiels qui, lorsqu’ils ne sont pas satisfaits, le poussent à toutes les audaces. Au diable la compétition, les honneurs, les podiums d’une saison. On a une vie à vivre et personne n’est prêt à transiger pour cela. Car si nous ne le faisons pas, qui le fera pour nous ?
Le monde fonctionne souvent comme un miroir aux alouettes : il agite devant nous toutes sortes de miroirs étincelants. Chacun, selon sa condition, ses attentes, ses frustrations va réagir différemment. Et le chaos nous guette, si nous n’y prenons pas garde. Un chaos partagé, chacun tirant à hue et à dia.
Et puis, il y a un autre appel, à la fois plus discret et plus tenace : notre besoin de vivre en paix, d’être heureux. Pour y goûter, nous devons inverser notre regard, porter notre attention en nous, savoir apprécier ce qui nous est donné à chaque instant et que nous ignorons, obstinés que nous sommes à poursuivre nos rêves chimériques.
Mais parfois tout se mélange et il devient difficile de faire la part des choses.
Alors, en ce qui concerne nos neufs fugitifs, je ne peux que formuler une prière : qu’au travers de leurs tribulations, ils rencontrent une bonne âme qui les instruira. Le reste leur appartiendra, le moment venu, comme pour chaque être humain vivant sur cette terre.