Définitions

– Le penseur amoureux –

Ce matin, en déjeunant, j’errais un peu dans mes pensées, tout en tournant machinalement ma cuiller dans une tasse de café. Je savais qu’une grosse journée m’attendait, à laquelle je n’étais pas certain d’être bien préparé.
Je n’écoutais pas vraiment le dialogue qui s’échappait du transistor, que j’avais tout aussi machinalement allumé, en perpétuant le rite que je pratique depuis des années : partager ce moment de convivialité solitaire avec la voix qui m’est envoyée par les ondes.
Et puis le chroniqueur qui chroniquait a soudain capté mon attention par cette déclaration : « Je crois que la meilleure définition de la vie, c’est celle d’Anatole France : La vie c’est de l’inconnu qui fout le camp. »
Je suis sorti de ma torpeur et, bien que par la fenêtre le ciel restait encore bas, l’horizon de ma journée s’est soudain dégagé.
Après tout que l’inconnu foute le camp, comme le disait ma mère, l’important c’est de ne surtout pas le suivre. Plutôt m’intéresser à ce qui ne me quitte jamais et gagne vraiment à être connu ?
Voilà à quoi j’allais pouvoir consacrer ma journée : être conscient de ce souffle qui me maintient en vie. Il est source de joie et d’apaisement toujours renouvelés, pourvu que je ne me laisse pas détourner par un inconnu de passage.
Et s’il vous plait, n’en faisons pas la meilleure définition possible car c’est encore une autre manière de rompre un charme toujours prêt à nous accueillir.